Brevet informatique et internet
À l'heure où le numérique devient omniprésent au quotidien, le B2i semble constituer une démarche indispensable. Pourtant, il peine encore à trouver sa place au sein de l'école. Par Estelle Levresse
Instauré en 2000, le Brevet informatique et internet (B2i) est une attestation qui valide le niveau acquis par les élèves dans la maîtrise des outils informatiques et d'internet. L'objectif étant qu'ils développent tous, du primaire au lycée, les compétences nécessaires à un « usage responsable des technologies de l'information et de la communication ». Depuis 2006, le B2i est décliné tout au long de la scolarité en trois niveaux : B2i école, B2i collège et B2i lycée. Chacun d'eux fonctionne selon la même architecture avec cinq domaines évalués. Par exemple, s’approprier un environnement informatique de travail ou créer, produire, traiter, exploiter des données. Pour chaque niveau, un référentiel adapté et composé de différents items a été établi.
Afin de suivre l'évolution des pratiques, la liste des compétences à acquérir est actualisée régulièrement. Les nouveaux référentiels des B2i école et collège ont été modifiés à la rentrée 2012, celui du B2i lycée à la rentrée 2013. Pour les 15-18 ans, une attention particulière a été donnée à l'utilisation des réseaux sociaux et aux pratiques collaboratives. Les lycéens doivent également être capables de gérer et contrôler leurs traces laissées sur le web (gestion de l'historique, données de formulaire, etc.), être responsables de toutes leurs publications ou encore respecter le droit d'auteur et la propriété intellectuelle.
Mais comment les élèves acquièrent-ils ces compétences ? L'utilisation du numérique fait partie des programmes scolaires. C'est dans ce cadre que les compétences du B2i doivent être développées, c'est-à-dire dans des contextes variés et au travers des besoins nécessaires à chaque discipline. Par exemple, un collégien doit savoir utiliser un tableur Excel en maths ou être capable de faire une recherche documentaire pour un travail en histoire. Des interventions ponctuelles du documentaliste peuvent aussi être organisées, par exemple pour expliquer comment rédiger un compte-rendu de recherche. Certains établissements prévoient une mise à niveau générale en 6ème, où sont abordés les fondamentaux comme la maîtrise du clavier, le choix des mots de passe, etc.
Un système d'évaluation particulier
Le brevet informatique et internet n'est pas sanctionné par un examen mais repose sur un contrôle continu des compétences au cours de chaque cycle (école, collège, lycée). Sa validation passe par une double condition : avoir validé 80 % des items du référentiel, dont au moins 50 % dans chacun des cinq domaines. À l'école et au collège, le brevet informatique et internet est intégré au livret personnel de compétences (LPC) du socle commun, qui existe depuis 2005. Il fait partie de la compétence 4 : maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication. À noter que le B2i école n’est pas un pré-requis pour obtenir le B2i collège.
En primaire, ce sont les enseignants qui valident les compétences. Dans le secondaire, le principe de validation repose en théorie sur un système d'auto-évaluation. C'est en effet l'élève qui doit solliciter la validation des compétences à ses enseignants quand il estime qu'elles sont acquises. « C'est un système d'évaluation très intéressant, car il sort du système classique d'évaluation par la note. Cela permet à l'élève de développer son sens critique et de porter un regard sur ses apprentissages, analyse Chantal Bernard, coordinatrice B2i au Département des usages du numérique à l'académie de Poitiers. Ce n'est toutefois pas simple à appréhender. C'est une manière tout à fait inhabituelle de travailler pour les enseignants. Il faut que la direction réussisse à impulser l'envie de fonctionner de cette façon à l'ensemble de son équipe. » Ce système d'évaluation nécessite également une relation profs-élèves de confiance. En outre, si certains items sont simples à évaluer, d'autres le sont beaucoup moins. C'est le cas notamment dans le domaine 2 du référentiel de compétences, Adopter une attitude responsable, qui consiste en comportements à respecter pas toujours facilement évaluables…Dans le secondaire, l'ensemble des établissements sont équipés depuis 2012 d'une application nationale baptisée Obii, en remplacement du précédent logiciel Gibii. Elle permet aux enseignants de suivre et de valider l'acquisition des compétences du B2i. Les élèves se connectent à Obii puis font leur demande de validation. En général, les professeurs s'organisent pour se répartir les évaluations. L'outil n'est toutefois pas utilisé partout, loin s'en faut, beaucoup d'enseignants préférant remplir directement le livret personnel de compétences. « Ce faisant,
on se prive de la démarche pédagogique intéressante d'auto-évaluation », regrette Chantal Bernard.
Intégration difficile dans les pratiques
En l'absence de cadre national contraignant, la mise en oeuvre effective du brevet informatique et internet dépend beaucoup de la bonne volonté des établissements et des enseignants, qui doivent l'intégrer dans leurs pratiques pédagogiques. Cela pose ainsi inévitablement la question de la formation des enseignants eux-mêmes. Pour faciliter la tâche des professeurs, certaines académies ont mis en place des sites web dédiés au B2i. Dans l'académie de Poitiers, le site géré par Chantal Bernard fournit de nombreuses informations et explications sur le brevet. Il propose surtout des exemples détaillés de pratiques et d'organisations pour aider son installation en classe, ainsi que des témoignages d'élèves et d'enseignants.
Au lycée, 6,6 % des enseignants seulement sont impliqués dans la validation des compétences du B2i. En 2013, 97,3 % des élèves de 3ème ont validé la compétence Techniques usuelles de l’information et de la communication, dont le B2i fait partie (source : Éducation nationale).Mais un autre problème freine probablement la mise en place du B2i, en particulier en primaire : l'équipement en matériel informatique. On compte en moyenne un ordinateur pour 9,3 élèves en élémentaire(1) avec de grandes différences d'une école à l'autre, puisque l'équipement dépend des ressources de chaque commune. Une enseignante de primaire dans l'académie de Nancy-Metz témoigne : « On a cinq ordinateurs dans l'école pour 70 élèves ! Le matériel a cinq ans et fonctionne de plus en plus mal. » Difficile dans ces conditions de faire manipuler l'informatique aux écoliers, la pratique est forcément très limitée. « Personnellement, pour le B2i, je me cantonne à quelques compétences de base : allumer, éteindre l'ordinateur, enregistrer un fichier, faire un copier-coller…, déplore la professeur des écoles. Comme pour beaucoup d'autres choses, l'Éducation nationale donne ses directives, mais sur le terrain, on n'a pas toujours les moyens de faire du bon boulot. »
Au collège, l'Éducation nationale a décidé, en 2008, de conditionner l'obtention du Brevet des collèges en fin de troisième à la validation du B2i espérant ainsi généraliser son application. Malheureusement, un effet pervers a rapidement vu le jour : des validations réalisées parfois un peu automatiquement, qui questionnent sur les compétences réellement acquises. « Quand il existe malgré tout un vrai dispositif pour accompagner et former les élèves à l'usage de l'informatique et d'internet, ce n'est pas si grave », estime Chantal Bernard. « Mais parfois rien n'est mis en place », regrette-t-elle.
Au lycée, où le numérique est désormais de plus en plus intégré dans les pratiques pédagogiques, le B2i est normalement obligatoire. Cependant, dans les faits, il est rarement mis en place dans les établissements. Théo, élève de terminale à Strasbourg, confirme : « J'ai bien validé mes compétences au collège mais au lycée, je n'ai plus du tout entendu parler du B2i ». Une enseignante en histoire-géographie dans un lycée de l'académie de Dijon confie, pour sa part, ne pas savoir ce que recouvre exactement le B2i… Après quatorze ans d'existence, il semble que le brevet informatique et internet cherche toujours sa place.
Dans la continuité du B2i, le Certificat informatique et internet a été mis en place dans l'enseignement supérieur. Il valide les compétences informatiques et internet que doit maîtriser tout étudiant et se décline en deux niveaux :le C2i1 et le C2i2 orienté métier. Le C2i1, qui doit être acquis en licence, couvre un large spectre de compétences avancées réparties – comme pour le B2i – en cinq domaines (travailler dans un environnement numérique évolutif ; être responsable à l'ère du numérique ; produire, traiter, exploiter et diffuser des documents numériques ; organiser la recherche d'informations à l'ère du numérique ; travailler en réseau, communiquer et collaborer).
Le C2i2, qui doit être acquis en master 2, est décliné par métier (C2i2e pour les métiers de l'enseignement, C2i2ms pour les métiers de la santé, C2i2mi pour les métiers de l'ingénieur, C2i2md pour les métiers du droit, etc.). Il valide les compétences numériques nécessaires à la profession visée.
À noter que le C2i2e est normalement obligatoire pour devenir enseignant. Il valide la maîtrise d'une utilisation professionnelle des TICE. Enfin, il existe un B2i adultes. Il s'agit d'une attestation de compétences reconnue par l'Éducation nationale. Pour l'obtenir, les candidats – salariés, personnes en recherche d'emploi, en formation, etc. – doivent passer par un centre agréé (payant). Il faut ensuite constituer un « dossier de preuves » attestant des compétences maîtrisées, qui sera examiné par un jury.
3 Commentaires
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FG mercredi 4 juin 2014 14:52 Lien vers le commentaire
Le professeur documentaliste n'intervient pas "ponctuellement".
Conformément au référentiel de compétence du 25 juillet 2013 , et à ses missions pédagogiques, il réalise un parcours de formation à la culture de l'information (cf PACIFI par exemple). Au collège, il peut participer activement à la validation du pilier 4 du Socle commun "Maîtrise usuelle des TIC".
Il n'intervient pas que pour enseigner aux élèves comment " rédiger un compte-rendu de recherche".
à bon entendeur... -
JP Elie vendredi 6 juin 2014 07:45 Lien vers le commentaire
En théorie, vous avez parfaitement raison. Mais en pratique, les retours d'enseignants que nous avons sont beaucoup plus mitigés. Notamment, le B2I au lycée n'a pas encore été mis en place partout (les pratiques variant fortement d'un établissement à l'autre). Des professeurs nous ont par exemple affirmé que le professeur documentaliste - quand il y en avait un dans leur établissement... - intervenait très rarement sur le B2I.
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OMRANE samedi 6 septembre 2014 09:49 Lien vers le commentaire
Bonjour,
Je cherche l'adresse d'un centre agréé sur strasbourg pour passer le B2i Adultes.
Pouvez-vous me renseigner SVP