Rythmes scolaires, vaincre les réticences
Depuis la publication en janvier 2013 du décret sur l'organisation du temps scolaire dans les écoles primaires, la réforme des rythmes scolaires a fait couler beaucoup d'encre et descendre dans la rue des milliers d'opposants. Par Jean-Philippe Élie
Pourtant, ce projet initié par l'ancien ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, n'est pas particulièrement novateur. En 2010, son prédécesseur rue de Grenelle, Luc Chatel, avait ainsi lancé une Conférence nationale sur le sujet, suite à un avis de l'Académie de médecine mettant en cause l'aménagement du temps scolaire dans notre pays. Et, déjà à l'époque, le rapport d'orientation remis par la Conférence nationale préconisait notamment 9 demi-journées de classe hebdomadaires. En effet, de l'avis même de tous les chronobiologistes et pédopsychiatres, la semaine de quatre jours instaurée en 2008 n'était pas adaptée aux enfants (les journées d'école des petits Français étant très chargées et plus longues que celles de leurs camarades étrangers).
La nouvelle réforme ne pouvait donc être que bénéfique pour les élèves du primaire et sa mise en place aurait dû s'effectuer sans grandes difficultés. Cela n'a pas été le cas pour plusieurs raisons. En premier lieu, la résistance au changement a été particulièrement vive chez les enseignants, certains d'entre eux dénonçant une charge de travail accrue.
Communication et concertation sont un préalable indispensable...Deuxièmement, une confusion entre rythmes scolaires et activités périscolaires a été entretenue. Ces dernières relèvent des prérogatives des collectivités territoriales et n'ont pas un caractère obligatoire. Autrement dit, une commune peut refuser de mettre en place des activités périscolaires tout en respectant les rythmes. Mais cela irait à l'encontre de l'esprit de la réforme (avant la rentrée de 2013, seuls 20 % des écoliers avaient accès à des activités culturelles ou sportives le mercredi matin…). Et pour ceux qui évoquent un coût non négligeable pour les villes – ce qui est vrai –, notons que des collectivités territoriales, notamment rurales, ont su s'organiser pour trouver des solutions qui soient dans l'intérêt des enfants.
D'ailleurs, c'est peut-être cela le véritable nœud du problème. La réforme a fait que de nouveaux intervenants extérieurs ont investi les écoles, ce qui a bousculé les habitudes et occasionné certains blocages idéologiques. Il est par exemple anormal que, dans certaines communes, les parents et les animateurs n'aient pas eu droit à la parole, au motif qu'ils n'appartenaient pas à la communauté éducative. Une vision très restrictive de ce que peut être une telle communauté !
Enfin, quelques élus n'appartenant pas à la majorité actuelle ont tenté de torpiller la réforme, en oubliant que le précédent gouvernement, à l'initiative du débat, n'avait pas eu le courage politique de la lancer à moins d'un an de la Présidentielle de 2012. Mais, au final, sur le terrain, lorsque la communication et la concertation sont au rendez-vous, les différentes parties prenantes arrivent toujours à se mettre d'accord.