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Un système scolaire profondément inégalitaire

Nombreux sont ceux à s'interroger sur les objectifs et les missions de l'école. Par Jean-Philippe Élie

Dans le long entretien qu'il nous a accordé pour ce deuxième numéro, Bernard Toulemonde – ancien recteur et directeur de l'enseignement scolaire – avoue ainsi ne pas savoir quel est, à l'heure actuelle, l'objectif de notre système éducatif… Une première réponse nous est apportée dans l'annexe de la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l'École : « Enseigner et faire partager les valeurs de la République est une des missions qui incombent à l'école. » Si cette affirmation me paraît importante, encore faut-il s'accorder sur ce que sont ces valeurs. Faisons simple : le triptyque Liberté, Égalité, Fraternité est assurément le symbole dans lequel la majorité de nos compatriotes se reconnaissent.

Malheureusement, l'un de ces trois piliers, l'égalité, est mis à mal depuis des années par un système éducatif qui figure parmi les plus inégalitaires au monde. Si l'on se réfère en effet à PISA 2013, le nombre de « bons » élèves n'augmente pas dans notre pays. En revanche, le nombre d'élèves en difficulté est en hausse croissante depuis dix ans. Pire, l'enquête menée par l'OCDE révèle notamment que l'école française est celle où l'origine sociale a aujourd'hui le plus de conséquences sur les résultats scolaires. Les enfants issus de l'immigration ont ainsi deux fois plus de risques de se retrouver en échec scolaire. Pourtant, dans l'annexe précitée, il est précisé que « l'école de la République est [...] un lieu d'enseignement laïque, d'émancipation et d'intégration de tous les enfants ». Pour le coup, c'est raté !

« L'école est un lieu d'émancipation et d'intégration »Autre exemple d'une mission « impossible » confiée à l'école, le Code de l'éducation dans son article L122-3 prévoit que « tout jeune doit se voir offrir, avant sa sortie du système éducatif et quel que soit le niveau d'enseignement qu'il a atteint, une formation professionnelle ». Vœu pieux ! Environ 150 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans aucun diplôme ni métier. Soit 1,5 million d'exclus – à la fois de l'école et du monde du travail – sur une décennie…

Il est temps de mettre fin à cet immense gâchis. Pour cela, il faut que l'État investisse massivement sur l'école primaire. Cette priorité, inscrite dans la loi pour la refondation de l'école de la République de 2013, ne doit pas être qu'un effet d'annonce. La maîtrise des apprentissages fondamentaux est une mission dévolue aux enseignants du premier degré et les pouvoirs publics doivent donc leur donner les moyens indispensables pour mener à bien cette tâche. Savoir lire, écrire et compter doit être l'objectif impératif à atteindre en fin de CM2. À l'heure actuelle, 20 % des enfants scolarisés en sixième rencontrent de grandes difficultés en lecture. Comment accéder à la liberté quand on est enfermé dans la méconnaissance ? Enfin, il est inconcevable de laisser un enfant en difficulté sur le bord du chemin au collège, parce que le système l'a décidé, au nom d'un quelconque déterminisme. Cela s'appelle la fraternité.

Dernière modification le samedi, 15 novembre 2014 22:03
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